Dans quelle mesure VLB doit-elle déjà ou devra-t-elle ajuster le tir face à un climat de plus en plus imprévisible?
Le directeur général de Ville de Lac-Brome, Gilbert Arel s’est entretenu avec Tempo de l’impact des changements climatiques sur la ville, ses citoyens, son environnement, ses finances et ses services.
Tempo: Peut-on dire que la Ville ressent déjà les effets des changements climatiques ?
G. A. Oui, depuis les trois dernières années je dirais. Par exemple, on a davantage de fortes pluies soudaines, des sortes de coups d’eau, parfois accompagnées de grands vents et ça c’est dommageable pour nos infrastructures. Ce n’est pas la quantité d’eau qui compte mais une quantité importante en peu de temps. Nos équipements, pompes, génératrices – quand il y a panne d’électricité – etc, ne sont plus tout à fait adéquats pour gérer toute cette eau.
L’hiver, ce sont d’autres problèmes. Cet hiver nous avions déjà épandu 20% de nos réserves de sel avant la mi-décembre. Ça c’est nouveau et c’est dû aux variations plus fréquentes de températures durant l’hiver soit, des périodes froides, suivies de réchauffements, de pluies et à nouveau de périodes froides. Résultat: la glace s’installe et nous devons intervenir plus souvent.
Tempo: Quelles ont été les conséquences concrètes des derniers coups d’eau et des pannes du mois de novembre dernier ?
G. A. La conséquence la plus importante a été l’affaissement du ponceau sur le chemin Fulford. N’eut été le comportement héroïque d’un de nos pompiers un jeune homme, emprisonné dans sa voiture perdu la vie, emporté par le courant de la au fond de la crevasse aurait rivière. À une autre époque on se serait peut être contenté de reconstruire un nouveau ponceau en acier galvanisé. Mais on ne peut plus prendre de risque et nous avons opté pour un ouvrage en béton, ce qui nous a coûté le double du prix soit 100 000$ au lieu de 50 000$.
Durant la tempête également, nos équipes aux Travaux publics étaient en temps supplémentaire, nos pompiers volontaires étaient tous à l’oeuvre pour ouvrir des chemins, couper des arbres, éteindre des feux de cheminée, etc. Il y a un coût pour tous ces services. Je dirais que tout cela (ponceau et services municipaux) a coûté environ 200 000$ à la municipalité.
Enfin, il y a eu un important problème de surverses dans le lac, nos pompes prennent de l’âge et ne parviennent pas à gérer efficacement les eaux usées. Là aussi il faudra investir.
Tempo: S’adapter aux changements climatiques coûtera donc cher?
G. A. Entendons-nous. Nous sommes déjà bien préparés en matière de mesures d’urgences. Nos services de communications ont bien fonctionné. Ceux d’Hydro-Québec également. Nous étions prêts à accueillir les citoyens au Centre communautaire, pour se réchauffer, manger, se laver, ou simplement recharger leurs appareils électroniques. Quelque 250 personnes en ont d’ailleurs profité. Les Premiers répondants ont fait le tour des résidences pour voir si tout allait bien. Nous avions suffisamment de ressources humaines. J’étais personnellement disponible 24h sur 24. Bref, tout n’est pas à bâtir !
C’est sûr qu’il y aura des dépenses d’équipements qui devront être réévaluées et devancées probablement. Nous avons des surplus pour y faire face en ce moment. Et pour l’instant nous n’entrevoyons pas engager de personnel supplémentaire «au cas où». Nos contribuables ne trouveraient pas cela raisonnable !
Tempo: VLB est-elle prête à faire face aux sécheresses et aux feux de forêt?
G. A. Les feux de forêts font partie des possibilités mais ce sont d’abord les sécheresses et leurs conséquences sur le niveau de notre lac qui nous préoccupent. Nous travaillons sur cette question à l’aide de simulation avec des chercheurs d’OURANOS, de l’ENAP et le concours de la MRC. Le problème c’est que nous devons alimenter Bromont avec nos cours d’eau. S’il y a une période d’étiage sévère notre lac pourrait en souffrir. Nous avons nos sources d’alimentation mais pas Bromont pour le moment. Il lui faudra éventuellement trouver de nouvelles sources d’approvisionnement.
Comme vous pouvez le constater, VLB est déjà proactive en matière de changements climatiques. Mais tous les défis ne sont pas relevés. Loin de là!