Le Théâtre en mode survie

Jean-Claude Mahé, qui préside depuis un an le conseil d’administration du Théâtre Lac-Brome ne cache pas son inquiétude. La pandémie, on le sait, ébranle les assises financières des grands joueurs du monde du spectacle. Mais que dire alors de celles d’un petit théâtre régional de 160 places, un théâtre qui n’avait jamais vraiment été dans la mire des organismes subventionnaires provinciaux et fédéraux et qui a commencé son année financière avec un déficit de plus de 100 000$.

«Je ne vous cache pas que pour nous, la mise en pause forcée de nos activités en mars dernier a été catastrophique! Nous étions en plein renouveau: de nouveaux membres au CA, une nouvelle directrice artistique, Ellen David, qui planchait sur sa saison et le gala d’ouverture prévu pour juin. Bref, l’annonce nous a carrément coupé les ailes. Mais on s’est dit pourquoi ne pas profiter de cette pause pour revoir à fond tout notre fonctionnement.»

Réalignements et mises à niveau

L’impact imprévu de cette fermeture de plusieurs mois, ajouté aux soubresauts qu’a connu l’institution en 2019 ont rendu effectivement urgent le réalignement ou la mise à niveau de plusieurs dossiers: communications et relations publiques, relations avec les donateurs éventuels et actuels, diversification des outils et des sources de financement, bénévolat, pour ne nommer que ceux-ci. L’équipe de direction, majoritairement renouvelée l’automne dernier, doit enfin se préparer à répondre aux attentes d’un public exigeant et davantage diversifié. «Le moins qu’on puisse dire, avoue le président du CA, c’est que l’équipe du Théâtre et le CA, eux, ne sont pas sur pause et mettent tout en place pour que le Théâtre puisse rebondir en force le moment venu. Nous sommes parfaitement conscients qu’il en va de sa crédibilité et par conséquent de sa survie.»

Finances: gestion serrée et sauveteurs temporaires

Sans public en salle, les coffres du Théâtre menaçaient de se vider rapidement. Deux donations substantielles de généreuses mécènes, mesdames Helgi Soutar et Claire Léger, ont heureusement permis de colmater temporairement la brèche: «Je souhaite sincèrement que leur exemple ait un effet d’entraînement auprès d’autres membres de la communauté pour que nous puissions constituer un jour un fonds de dotation susceptible d’assurer au TLB une certaine stabilité financière», explique Jean-Claude Mahé.

La Ville a elle aussi mis l’épaule à la roue et accepté de hausser le montant de sa subvention annuelle, qui est ainsi passée de 20 000$ à 85 000$. Toutefois la future programmation théâtrale devra refléter convenablement la dualité linguistique de la communauté.

Sous la direction du trésorier Bruno Bourgeois, anciennement cadre supérieur à la Banque Nationale, la gestion financière semble s’être enfin sérieusement resserrée. Commanditaires et partenariats sont dorénavant au menu alors que de nouvelles demandes de subventions à tous les paliers de gouvernement sont en marche.

«Nous traversons une mer houleuse mais je vous assure que tout l’équipage est mis à contribution, physiquement et professionnellement, pour sauver le navire», déclare Jean-Claude Mahé, qui opte pour l’optimisme.