Une autre église en danger 

Traduction: Guy Côté 

Quelle est l’importance du patrimoine culturel, historique et religieux? Cette question est au cœur des discussions à Saint- Étienne-de-Bolton sur le sort de l’église Saint-Étienne, érigée il y a presque 150 ans. En avril 2021, le diocèse de Sherbrooke et le conseil paroissial Notre-Dame de Mont-Carmel ont annoncé leur intention de se départir de l’église Saint-Étienne. Face à cette décision, le Conseil municipal de Saint-Étienne a demandé une expertise technique du bâtiment pour évaluer son état réel. Le prix d’un dollar pour acquérir l’église du diocèse en valait-il la peine? 

Suite à la réception du rapport de la firme d’ingénierie Côté-Jean et Associés (Magog), le Comité sur l’avenir de l’église et le Comité du centre communautaire se sont rencontrés en mai dernier. Malgré la reconnaissance de la valeur historique de l’église et leur désir de la préserver, les membres du comité ont été confrontés à un estimé de deux millions de dollars simple- ment pour restaurer l’édifice selon le code du bâtiment actuel, et ce avant tout réaménagement de la structure pour avoir une nouvelle vocation comme un café, une bibliothèque ou une salle communautaire polyvalente et ce sans tenir compte de son entretien. Il a été déterminé que ces coûts pourraient entraîner une augmentation des taxes municipales d’environ 15% au cours des 20 prochaines années. 

Les prochaines étapes pour la municipalité sont: rechercher des appuis financiers potentiels auprès du Conseil du patrimoine religieux du Québec ainsi que du Développement économique de la MRC Memphrémagog. Chercher un soutien financier n’est jamais une chose facile. David Auclair, maire de Saint-Étienne, a déjà contacté ces organismes. Il y a essentiellement trois options envisageables en fonction du financement éventuel: l’achat de l’église en vue de la transformer; l’achat de l’église pour la démolir et l’utilisation du terrain à d’autres fins; enfin permettre au Conseil paroissial de vendre l’église à un tiers, de la démolir ou de la fermer pour une durée indéterminée. 

Ce n’est pas une décision facile. Une recommandation a été faite à la municipalité d’embaucher une personne-ressource professionnelle et neutre pour guider la communauté à travers ce qui pourrait bien être un plan d’action s’étalant sur plusieurs années. Bien qu’ils reconnaissent l’énorme valeur historique de l’église, plusieurs conseillers municipaux ont exprimé leur inquiétude face à ce qui pourrait éventuellement devenir une profond abîme financier. 

Au Québec, plus de 500 édifices du patrimoine religieux ont changé de vocation depuis 2003 et ce nombre augmente chaque année.